Pour former les étudiants à la chirurgie, la Faculté de médecine de Poitiers a créer un centre de simulation plus vrai que nature. Les cadavres respirent et ont un pouls.

Depuis plusieurs années, les mannequins hyperréalistes se sont imposés dans les cours pratiques des études médicales. Les étudiants en médecine, pharmacie ou encore infirmier s’entraînent à placer des perfusions, réaliser des sutures et faire des massages cardiaques. L’apprentissage par simulation a un objectif simple : jamais la première fois sur un patient.
A la Faculté de médecine de l’université de Poitiers, ce précepte a bouleversé les méthodes d’enseignement. Depuis fin janvier, les élèves chirurgiens peuvent se faire la main sur des cadavres « animés ». Leurs poumons se remplissent d’air, leur cœur pompe du sang artificiel… Tout est fait pour mimer la réalité et leur redonner vie. Ce système baptisé « SimLife » est unique au monde. Il a été inventé, fabriqué et breveté par Cyril Brèque, maître de conférences en biomécanique à l’Université de Poitiers.
Jusqu’à présent, ces futurs chirurgiens apprenaient sur des corps sans vie, des organes de cochon ou des mannequins interactifs. Mais « on se rendait bien compte que les dissections classiques ne répondaient plus aux attentes», a expliqué à l’AFP le Pr Jean-Pierre Richer, responsable du Centre de simulation de la faculté. Il fallait évoluer alors que dans le même temps, la formation pratique de l'interne a beaucoup diminué (...) On n'apprend plus au bloc, à côté du chirurgien et d'un vrai patient », a-t-il souligné.
Une machinerie artisanale
Ce dispositif vise avant tout à donner confiance aux étudiants, les familiariser avec les gestes de base et les outils qu’ils vont utiliser à l’hôpital. Et cela fonctionne. Très vite, ils se prennent au jeu et oublient que c’est une simulation. Mieux, lorsqu’une hémorragie survient, le stress gagne toute l’équipe médicale. « Seule l'odeur forte et une couleur verdâtre trahissent le fait qu'il s'agit d'une dépouille, décongelée avec soin pour passer en seulement quelques jours de -22°C à +37°C », note l’Agence de presse.
Un drap devant le visage du « patient » dissimule la machinerie qui permet de recréer les pulsations cardiaques et la ventilation. Un système artisanal : des tuyaux et des valves du système d’arrosage et le tour est joué. Pour reproduire le sang, Cyril Brèque a tout simplement utilisé un peu de peinture et un additif pour épaissir le liquide. Au total, 4 modèles SimLife ont été conçus pour seulement 20 000 euros.
« À terme, tout cela sera miniaturisé et piloté en wifi depuis une tablette. Nous sommes en train de travailler sur un logiciel qui permettra d'intégrer à l'avance un certain nombre de scenarii. Ce qui rend notre système unique, c'est qu'il est adaptatif », a assuré le Pr Richer. Après la phase de test, une vingtaine d'internes en fin de cursus s'exerceront à la chirurgie sur Simlife dès la rentrée 2016.
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daniel 20/02/2016 09:12